dimanche 3 février 2008

pépitoscope : 1er février 2008


rhalalala... Shakespeare à la moulinette de la Schaubühne... Ostermeier lamine le texte jusqu'au haïku... il n'en garde qu'un squelette difficilement reconnaissable sans vraie culture théâtrale... (du coup, le barrage de la langue allemande n'est plus qu'un détail)... un peu comme si Godard s'était chargé de l'adaptation... Les immenses qualités du spectacle en sont souvent aussi les limites... en effet, beaucoup de jeunes autour de moi ont été séduits par le côté trash (ô combien) de l'entreprise... du coup, ils sont sans doute passés à côté du travail d'adaptation... donc, oui... c'est du théâtre dansé... quelques passages évoquent férocement les dernières chorégraphies de Pina Bausch avec ces jaillissements d'énergie... nous sommes donc à la fête... la musique live apporte justement cette énergie nécessaire à ce chaos organisé... c'est tout de même oublier bien vite que nous sommes au théâtre et chez Shakespeare... parce que Ostermeier n'est pas né de la dernière pluie... il nous propose sa vision d'une oeuvre mythique... on sent bien, du moins, je pense, l'influence de Brecht et d'Heiner Müller derrière cet outrage nécessaire ! voir le comédien se mettre à nu (littéralement) et l'entendre lancer "Je ne suis pas là pour votre plaisir... je suis là pour gâcher votre plaisir" a été un choc esthétique... les amours d'Obéron et Tatiana deviennent une farce grotesque et réjouissante... celles de Lysandre et d'Hermia deviennent une trame pour une explosion des sens et de danses... Puck est d'une drôlerie inimaginable en maya l'abeille ou toréro déjanté... bref, ce "songe" terriblement Freudien ("les rêves de nudité étant un fantasme d'exhibitionnisme...") est un de ces moments de totale liberté créatrice... liberté dans la représentation, liberté vis à vis du texte, liberté vis à vis du public (qui, lui, a celle de quitter la salle... certains se sont même levés au bout de cinq minutes...) ! ce n'est sans doute pas la version de référence du "Songe" (mais qui aurait l'outrecuidance de prétendre la monter) mais ce "Ein Sommernachtstraum" est un fabuleux moment de théâtre !

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