jeudi 21 mai 2009

de retour de l'Almodobar...



C'est curieux cette façon qu'a Pedro Almodovar de vous laisser la sensation que ses films vous sont cruellement familiers sans qu'on les ait jamais vus auparavent... J'ai la très nette impression que chaque film sert à faire oublier le précédent, un clou chasse l'autre... Tout ça en fait me vient à l'esprit parce qu'il est sans doute un des derniers grands cinéastes académiques, au sens noble du terme... Il tourne encore ses films comme Hitchcock l'aurait fait en son temps, en jouant diaboliquement avec le cadre, en construisant ses films autour de lignes très fortes et en jouant jusqu'à l'extrême avec les visages de ses comédiens... (la musique d'Alberto Iglesias a de nouveau des accents de Bernard Herrmann). Ici encore, dans ces "Etreintes brisées" [le titre original joue sur les mots "abrazos" (étreintes) et "brazos" (bras)] les thèmes récurrents sont au rendez-vous : la mort, le deuil, les anniversaires, les fantômes, le regard, le cinéma, l'écriture, le mélodrame... On pourrait presque y voir un film testament puisqu'il revisite amèrement ses fameuses "femmes au bord de la crise de nerfs" qui lui apportèrent naguère la gloire... Curieusement, l'émotion ne vient pas de là où on était en droit de s'y attendre mais bien de la structure du film qui semble être un constat sur ce qu'est devenu l'Espagne... Les profonds méandres du scénario nous bercent doucement dans un circuit que l'on s'imagine balisé et brutalement, sèchement, nous ramènent à la réalité pour nous interroger sur le rôle du spectateur et, bien entendu, celui du cinéaste... Le style du cinéaste n'a pourtant jamais aussi sec et précis, il lui suffit parfois d'un plan immobile de quelques secondes pour dessiner un personnage. Les fameuses couleurs sont bien là mais souvent dans des teintes autrement plus sombres (la plage de Lanzarote, par exemple) que dans les films précédents. Et Penélope Cruz y prouve encore une fois qu'elle n'est pas qu'une jolie fille... Il faudrait d'ailleurs nommer tous les comédiens tant ils sont époustouflants, mais il vaut mieux aller (re)voir le film. Magistral !
ps : rêvons un peu et prions tous les dieux du Parnasse pour qu'Almodovar concrétise rapidement son projet avec Jeanne Moreau (Bernarda Alba ?) à qui il rend ici un vibrant hommage !

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